Taking the Measure of Europe

C’est toute une culture technique qui doit se développer pour faire comprendre l’importance, le coût et l’intérêt de la “mesure” de l’Europe. Il s’agit en effet de rendre équivalents, de faire communiquer, ou d’uniformiser, des réseaux nationaux qui faisaient jusqu’ici, par leur quadrillages différent, la spécificité des États européens: réseaux de transport, de téléphone et de donnés, chaînes métrologiques, découpages réglementaires, réseau de laboratoires d’essai, parcours administratifs, appareils statistiques et comptables, suivi des déplacements des personnes et des biens… Il s’agit de faire pour l’Europe entière ce que chaque pays a fait au cours de sa long histoire, afin d’unifier ou d’harmoniser son propre territoire national á partir de ses terroirs et provinces. (236)

Il s’agit d’harmoniser, de rendre cohérent, de rendre équivalent l’Europe de Douze mais sans perdre le spécificités, les identités, les différences. Or, ce débat entre uniformité et harmonie n’est pas culturel, il est technique et se retrouve partout […] Les deux voies qui, au cours de l’Histoire, ont favorisé l’unification technique, á savoir la centralisation nationale d’une part, et le forces du marché de l’autre, ne suffiront pas á construire une Europe des citoyens. […] ce que nos ancêtres ont fait pour les nations, nous sommes prêts a le refaire pour l’Europe, á condition que l’on nous donne le moyens de comprendre les techniques et ses enjeux. (237)

 

 

From Latour, B. and Coutouzis, M. (1993) “Prendre la Mesure de l’Europe”, Alliage, 16-17, pp. 235-245.